C’est en s’inspirant de l’observation du peintre et aquarelliste Louis Anquetin que le peintre postimpressionniste Émile Bernard met au point la technique du cloisonnisme et la synthèse picturale en 1887. Il se fond dans le symbolisme trois ans plus tard, à la suite de la discorde entre Émile Bernard et Paul Gauguin, les pères fondateurs de l’École de Pont-Aven.
Là où le courant impressionniste visait notamment à favoriser la production vivante de lumière au détriment de la couleur, le cloisonnisme va au contraire cerner les champs chromatiques dans la limite nette d’un contour. En règle générale, celui-ci est noir. Ce faisant, les lignes noires accentuent les contours, divisent, encerclent les éléments et les figures. Les couleurs s’appliquent par la suite en larges aplats. Les tons sont purs, vifs, violents et le plus souvent éloignés du réel.
Le cloisonnisme fut initié par l’artiste français Louis Anquetin sans que cette technique, reprenant notamment la base de l’art du vitrail, ne soit alors qualifiée ainsi. En effet, il faudra attendre 1888 que le critique d’art et auteur dramatique Édouard Dujardin conçoive ce terme pour le désigner de la sorte. Quoiqu’il en soit, c’est en regardant à travers un carreau de couleur que Louis Anquetin réussit à synthétiser les sensations de jour, de nuit et de crépuscule en un seul ton.
Le cloisonnisme : structuration en plans
La collaboration née dès 1888 entre Émile Bernard et Paul Gauguin donne lieu à la création de l’École de Pont-Aven. Cloisonnisme et symbolisme se donnent le change. Ils marquent les esprits à travers des œuvres telles que Bretonnes dans la prairie verte signée du premier, Vision après le sermon et Le Christ jaune signées du second.
Évoquant également l’ukiyo-e, le mouvement artistique japonais ayant fortement influencé les artistes français, tout autant que les images d’Épinal et les arts primitifs, le cloisonnisme est une technique que Max Rovira s’accapare rapidement. Elle répond aux premières mosaïques réalisées lorsqu’il n’était encore qu’un enfant. Elle lui a permis de préciser son empreinte en accompagnant sa réinterprétation des statues de l’Île de Pâques. Comme ce fut le cas entre autres pour ses tableaux Les marchands de poissons en 1995 et Clair de Lune en 2003, à découvrir dans ses réalisations.