Dès 1948, Jackson Pollock décide de ne plus donner de nom à ses tableaux. Une manière pour lui de cesser “d’ajouter de la confusion” dans l’esprit de celui qui les regarde. Une approche singulière qui permit au peintre américain de lui donner accès à l’essence même de chacune de ses réalisations. À la pure peinture dédiée à l’action.
Jackson Pollock était le dernier d’une fratrie de six garçons. Il laissa au monde plus de 700 œuvres ayant marqué leur temps. Tout autant, d’ailleurs, que les suivants. Surprotégé par sa mère, délaissé par son père, son imaginaire se développe très jeune au contact des Indiens et de leurs rituels. Puis à celui de ses pairs, notamment José Clemente Orozco, Michel Ange, Hans Hoffman, Joan Miró, André Masson. Mais aussi et surtout, Pablo Picasso. Si cette illustre référence est le premier élément à relier Max Rovira à Jackson Pollock, elle n’est pas la seule.
Les techniques initiées et/ou amplifiées par le peintre américain dans le cadre de sa propre évolution créative résonnent dans les travaux de Max Rovira depuis plusieurs années. Ainsi, celui-ci s’est approprié le all over. Autrement dit, la répartition des éléments picturaux sur toute la surface d’un tableau de façon plus ou moins uniforme. Mais aussi le dripping (ou égouttement) et le pouring (ou déversement), directement du pot de peinture à la toile. C’est le cas dans sa pièce intitulée Cendres, tel un écho aux tableaux de Jackson Pollock à l’instar de Painting (Silver over Black, White, Yellow and Red) daté de 1948, Lavender Mist daté de 1950 ou de Blue Poles peint en 1952.
Jackson Pollock : quand le corps laisse exploser la vérité
Premier peintre américain de l’expressionnisme abstrait à être reconnu dans le monde entier, Jackson Pollock se distingue aussi par sa maîtrise de l’action painting. En réalité, il s’agit d’un terme formulé pour la première fois en 1952 par le critique d’art Harold Rosenberg. Il désigne une partie du travail de l’École de New-York dédié à l’expression d’une action par la toile. Dans cette perspective, le corps est à l’origine même de la création picturale.
La toile devient une arène. L’image, le résultat de la rencontre des matériaux. Cette peinture gestuelle sert l’accumulation de figures par superposition chère à Jackson Pollock, et ce dès 1943 avec son tableau Guardians of The Secret. “L’action painting suppose la quête d’un équilibre”, souligne Max Rovira. “Le rythme est essentiel. L’image doit être capable d’attraper le regard instantanément. D’où l’importance de savoir s’arrêter au bon moment lors de la réalisation de ce type de toile.”